Monte-Cristo à la Santé : la veille d’une rédemption

Il ne dort pas encore derrière les barreaux, mais déjà l’Histoire l’y attend. Dans quelques heures, Nicolas Sarkozy, ancien président de la République française, franchira les portes de la prison de la Santé. Un lieu chargé de symboles, où l’on enferme depuis des décennies les puissants déchus, les âmes égarées et parfois les innocents qu’on espère revoir renaître.

Dans le sac du détenu en devenir, trois livres seulement : Le Comte de Monte-Cristo (tomes I et II) et La Vie de Jésus de Jean-Christian Petitfils.

Deux récits de souffrance, d’injustice et de rédemption. Dumas y raconte l’histoire d’un homme trahi, condamné à tort, qui finit par ressurgir du néant pour réclamer justice. Petitfils, celle d’un homme crucifié, dont la vérité triomphe de la mort.

Entre Edmond Dantès et Jésus, Nicolas Sarkozy semble avoir choisi ses compagnons de cellule : la vengeance, le pardon, et peut-être la réinvention de soi. Il y a, dans cette image encore à venir, une leçon que la République offre à ses enfants : aucune puissance, aucune gloire, aucune écharpe tricolore n’immunise contre la justice des hommes.

Et pourtant, si la loi punit, elle rappelle aussi que nul n’est au-dessus de la conscience. Car la justice, lorsqu’elle s’applique à ceux qui gouvernaient hier, cesse d’être un simple instrument : elle devient une mise à nu, un rappel du destin commun.

La cellule de la Santé n’est pas seulement un espace clos : c’est un miroir. Un miroir où se reflète la fragilité de tout pouvoir, fût-il présidentiel. Demain, Nicolas Sarkozy y entrera en homme seul, dépouillé de ses privilèges, avec trois livres pour tout héritage immédiat : le roman d’un prisonnier en quête de vérité, la vie d’un homme sacrifié, et la promesse d’un silence où chacun finit par se rencontrer soi-même.

La République, en cela, ne se venge pas : elle se souvient. Et dans ce souvenir, peut-être se joue quelque chose de plus grand que la chute d’un homme — la possibilité, rare et précieuse, que même au sommet du pouvoir, la vérité conserve le dernier mot.

Alpha Issagha Diallo, témoin du crépuscule et des renaissances.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut